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21/12/1994 | FRANCE | N°151696

France | France, Conseil d'État, 1 ss, 21 décembre 1994, 151696


Vu la requête enregistrée le 6 septembre 1993 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour la S.A.R.L. MAGI, dont le siège est ..., agissant en exécution d'une ordonnance du président du tribunal de grande instance de Périgueux en date du 24 mai 1993 ; la S.A.R.L. MAGI demande au Conseil d'Etat :
1°) d'apprécier la légalité de l'article R. 262-1-1 du code du travail et de déclarer que cet article est illégal ;
2°) de l'annuler pour excès de pouvoir ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le code du travail ;
Vu le nouveau code de procédu

re civile ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 d...

Vu la requête enregistrée le 6 septembre 1993 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour la S.A.R.L. MAGI, dont le siège est ..., agissant en exécution d'une ordonnance du président du tribunal de grande instance de Périgueux en date du 24 mai 1993 ; la S.A.R.L. MAGI demande au Conseil d'Etat :
1°) d'apprécier la légalité de l'article R. 262-1-1 du code du travail et de déclarer que cet article est illégal ;
2°) de l'annuler pour excès de pouvoir ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le code du travail ;
Vu le nouveau code de procédure civile ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;
Après avoir entendu en audience publique :
- le rapport de Mlle Fombeur, Auditeur,
- les observations de Me Blondel, avocat de la S.A.R.L. MAGI,
- les conclusions de M. Bonichot, Commissaire du gouvernement ;

Considérant que, par la requête susvisée, la S.A.R.L. MAGI demande au Conseil d'Etat, d'une part, d'annuler l'article 4 du décret du 6 août 1992 insérant dans le code du travail un article R.262-1-1 et, d'autre part, en exécution d'une ordonnance du 24 mai 1993 du président du tribunal de grande instance de Périgueux, d'apprécier la légalité du même article R.262-1-1 du code du travail ;
Sur les conclusions à fin d'annulation :
Considérant qu'aux termes de l'article 49 de l'ordonnance du 31 juillet 1945 : "Sauf dispositions législatives contraires, le recours ou la requête au Conseil d'Etat contre la décision d'une autorité ou d'une juridiction qui y ressortit n'est recevable que dans un délai de deux mois. Ce délai court de la date de la publication de la décision attaquée, à moins qu'elle ne doive être notifiée ou signifiée, auquel cas le délai court de la date de la notification ou de la signification" ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que le décret du 6 août 1992 a été publié au Journal Officiel du 7 août 1992 ; que la requête de la S.A.R.L. MAGI n'a été enregistrée au secrétariat du Contentieux que le 6 septembre 1993 ; que, dès lors, les conclusions susmentionnées ont été présentées tardivement et ne sont, par suite, pas recevables ;
Sur les conclusions en appréciation de validité de l'article R.262-1-1 du code du travail, issu de l'article 4 du décret n° 92-769 du 6 août 1992 :
Considérant qu'aux termes de l'article R. 262-1-1 du code du travail : "L'inspecteur du travail peut, nonobstant toutes poursuites pénales, saisir en référé le président du tribunal de grande instance pour voir ordonner toutes mesures propres à faire cesser dans les établissements de vente au détail et de prestations de service au consommateur l'emploi illicite de salariés en infraction aux dispositions du chapitre 1er du titre II du livre II du code du travail ...Le président du tribunal peut notamment ordonner la fermeture le dimanche du ou des établissements concernés. Il peut assortir sa décision d'une astreinte qui sera liquidée au profit du Trésor" ;
Considérant que les dispositions du nouveau code de procédure civile, et notamment les dispositions de l'article 31 dudit code relatives à l'intérêt pour agir, n'ont pas pour objet d'habiliter l'autorité administrative à agir au nom de l'Etat devant le juge civil aux fins de faire respecter la loi ; qu'il n'appartient qu'au législateur de définir les cas et les conditions dans lesquelles une telle action pourrait être formée ; que ni les dispositions de l'article L. 611-1 du code du travail ni aucune autre disposition du même code ne prévoient que l'inspecteur du travail puisse demander au juge civil des référés d'ordonner les mesures propres à faire cesser l'emploi de salariés en méconnaissance des dispositions relatives au repos dominical ; que, par suite, la société requérante est fondée à soutenir qu'en édictant les dispositions de l'article 4 du décret du 6 août 1992, les auteurs dudit décret ont excédé leurs pouvoirs ;
Article 1er : Les conclusions tendant à l'annulation de l'article 4 du décret du 6 août 1992 sont rejetées.
Article 2 : Il est déclaré que l'article R. 262-1-1 du code du travail est entaché d'illégalité.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à la S.A.R.L. MAGI et au ministre du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.


Synthèse
Formation : 1 ss
Numéro d'arrêt : 151696
Date de la décision : 21/12/1994
Type d'affaire : Administrative

Analyses

66 TRAVAIL ET EMPLOI.


Références :

Code du travail R262-1-1, L611-1
Décret 92-769 du 06 août 1992 art. 4
Nouveau code de procédure civile 31
Ordonnance 45-1708 du 31 juillet 1945 art. 49


Publications
Proposition de citation : CE, 21 déc. 1994, n° 151696
Inédit au recueil Lebon

Composition du Tribunal
Rapporteur ?: Mlle Fombeur
Rapporteur public ?: M. Bonichot

Origine de la décision
Date de l'import : 06/07/2015
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CE:1994:151696.19941221
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