Vu la requête, enregistrée le 29 juillet 2004 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée par Mme Sanda X, demeurant ... ; Mme X demande au président de la section du contentieux du Conseil d'Etat :
1°) d'annuler le jugement du 22 juin 2004 par lequel le magistrat délégué par le président du tribunal administratif de Nice a rejeté sa demande tendant à l'annulation de l'arrêté du 18 mai 2004 par lequel le préfet du Var a décidé sa reconduite à la frontière ;
2°) d'annuler cet arrêté pour excès de pouvoir ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Vu la convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant, signée à New York le 26 janvier 1990 ;
Vu l'ordonnance n° 45-2658 du 2 novembre 1945 modifiée ;
Vu le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
- les conclusions de M. François Séners, Commissaire du gouvernement ;
Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens de la requête :
Considérant qu'aux termes du I de l'article 22 de l'ordonnance du 2 novembre 1945 modifiée en vigueur à la date de l'arrêté attaqué : Le représentant de l'Etat dans le département et, à Paris, le préfet de police peuvent, par arrêté motivé, décider qu'un étranger sera reconduit à la frontière dans les cas suivants : (...) 3° Si l'étranger auquel la délivrance ou le renouvellement d'un titre de séjour a été refusé ou dont le titre de séjour a été retiré, s'est maintenu sur le territoire au-delà du délai d'un mois à compter de la date de notification du refus ou du retrait (...) ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier, et qu'il n'est pas contesté, que Mme X, de nationalité roumaine, s'est maintenue sur le territoire français plus d'un mois après la notification, le 14 octobre 2003, de la décision du préfet du Var du 3 octobre 2003 lui refusant la délivrance d'un titre de séjour et l'invitant à quitter le territoire ; qu'elle entrait ainsi dans le champ d'application de la disposition précitée ;
Mais considérant que, pour prendre l'arrêté attaqué à l'encontre de Mme X, le préfet du Var s'est notamment fondé sur la circonstance que l'intéressée est célibataire et sans enfant ; qu'il ressort toutefois des pièces du dossier d'une part, que Mme X est mariée et mère d'un enfant et d'autre part, que son époux et leur enfant résident sur le territoire national ; que, dès lors, l'arrêté attaqué repose sur des motifs inexacts en fait et se trouve, par suite, entaché d'illégalité ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que Mme X est fondée à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le magistrat délégué par le président du tribunal administratif de Nice a rejeté sa demande ;
D E C I D E :
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Article 1er : Le jugement du 22 juin 2004 du magistrat délégué par le président du tribunal administratif de Nice et l'arrêté du préfet du Var en date du 18 mai 2004 ordonnant la reconduite à la frontière de Mme X sont annulés.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à Mme Sanda X, au préfet du Var et au ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales.