Vu la requête, enregistrée au greffe de la cour le 27 juillet 1993, présentée pour la COMMUNE DE LOIX EN RE prise en la personne de son maire dûment habilité par délibération du Conseil municipal ;
La COMMUNE DE LOIX EN RE demande à la cour :
1°) d'annuler le jugement en date du 25 juin 1993 par lequel le tribunal administratif de Poitiers a déclaré nul le bail emphytéotique passé entre la commune et la société à responsabilité limitée "Les Ilates" ;
2°) de se déclarer incompètemment saisie et d'inviter la société à responsabilité limitée "Les Ilates" à mieux se pourvoir, de condamner cette dernière aux entiers dépens ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;
Vu la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 ;
Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience ;
Après avoir entendu au cours de l'audience publique du 23 janvier 1995 :
- le rapport de M. TRIOULAIRE, conseiller ; - les observations de Me X..., pour la COMMUNE DE LOIX EN RE ; - et les conclusions de M. CIPRIANI, commissaire du gouvernement ;
Sur la compétence de la juridiction administrative :
Considérant que le contrat du 16 octobre 1990 par lequel la COMMUNE DE LOIX EN RE a donné à bail à la société à responsabilité limitée "Les Ilates" le droit d'utiliser un terrain privé communal situé au lieu-dit "Le Petit Boucheau" afin d'y édifier un centre de loisirs et de plein air comportant la construction d'habitations légères présente en raison des clauses exorbitantes qu'il comporte, notamment de la clause de résiliation de plein droit en cas de manquement du preneur à une seule de ses obligations, du droit de contrôle de la commune sur la main d'oeuvre et sur les commerces auxquels le preneur fait appel et de l'obligation pour ce dernier de recourir à un mode de financement d'une durée et d'un montant déterminés et d'obtenir l'aval du Conseil général de la Charente-Maritime à hauteur de 60 % de ce montant, le caractère d'un contrat administratif ;
Sur la validité du bail :
Considérant que, par un jugement en date du 20 février 1992, devenu définitif, le tribunal administratif de Poitiers a annulé la décision du maire de Loix en Ré de contracter avec la société à responsabilité limitée "Les Ilates" le bail litigieux ; que ce jugement, revêtu de l'autorité absolue de la chose jugée se fondait sur ce que les conditions d'occupation et d'utilisation du sol prévues dans le cadre de ce bail étaient incompatibles avec les dispositions du plan d'occupation des sols communal alors en vigueur ; qu'eu égard au motif ayant justifié l'annulation ainsi prononcée il appartenait au juge du contrat de constater à la demande de la société à responsabilité limitée "Les Ilates" que ledit bail était nul et n'avait pu, par suite, faire naître aucune obligation contractuelle à la charge de la société susmentionnée ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que la COMMUNE DE LOIX EN RE n'est pas fondée à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de Poitiers a déclaré nul le bail intervenu le 16 octobre 1990 ;
Sur l'application de l'article L. 8-1 du code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel :
Considérant qu'il y a lieu de condamner la COMMUNE DE LOIX EN RE, qui est la partie perdante à l'instance, à verser à la société à responsabilité limitée "Les Ilates", qui a présenté une demande à de telles fins, une somme de 5.000 F au titre des frais exposés par elle et non compris dans les dépens ;
Article 1er : La requête de la COMMUNE DE LOIX EN RE est rejetée.
Article 2 : La COMMUNE DE LOIX EN RE est condamnée à verser à la société à responsabilité limitée "Les Ilates" la somme de 5.000 F au titre de l'article L. 8-1 du code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel.
Article 3 : Le surplus des conclusions de la société à responsabilité limitée "Les Ilates" est rejeté.