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25/04/2003 | FRANCE | N°245225

France | France, Conseil d'État, 9eme et 10eme sous-sections reunies, 25 avril 2003, 245225


Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat les 15 avril et 16 août 2002, présentés pour la S.N.C SOPROCOS, dont le siège est ..., Saint-Quentin ; la S.N.C. SOPROCOS demande au Conseil d'Etat d'annuler l'arrêt du 12 février 2002 par lequel la cour administrative d'appel de Douai a rejeté sa requête aux fins de décharge des cotisations supplémentaires de taxe additionnelle pour frais de chambre de commerce et d'industrie auxquelles elle a été assujettie au titre de chacune des années 1988, 1989 et 1990 ;
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Vu le code général des impôts ;

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Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat les 15 avril et 16 août 2002, présentés pour la S.N.C SOPROCOS, dont le siège est ..., Saint-Quentin ; la S.N.C. SOPROCOS demande au Conseil d'Etat d'annuler l'arrêt du 12 février 2002 par lequel la cour administrative d'appel de Douai a rejeté sa requête aux fins de décharge des cotisations supplémentaires de taxe additionnelle pour frais de chambre de commerce et d'industrie auxquelles elle a été assujettie au titre de chacune des années 1988, 1989 et 1990 ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu le code général des impôts ;

Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :

- le rapport de M. Fabre, Conseiller d'Etat,

- les observations de la SCP Bachellier, Potier de la Varde, avocat de la S.N.C. SOPROCOS,

- les conclusions de M. Vallée, Commissaire du gouvernement ;

Considérant qu'aux termes de l'article 1467 du code général des impôts : La taxe professionnelle a pour base : 1 ... a) la valeur locative... des immobilisations corporelles dont le redevable a disposé pour les besoins de son activité professionnelle... ; que les immobilisations dont la valeur locative est ainsi intégrée dans l'assiette de la taxe professionnelle sont les biens placés sous le contrôle du redevable et que celui-ci utilise matériellement pour la réalisation des opérations qu'il effectue ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis à la cour administrative d'appel de Douai que les cotisations supplémentaires de taxe additionnelle pour frais de chambre de commerce et d'industrie auxquelles, après un dégrèvement des suppléments de taxe professionnelle accordé du chef du plafonnement de la taxe en fonction de la valeur ajoutée, est demeurée assujettie, au titre de chacune des années 1988, 1989 et 1990, la S.N.C. SOPROCOS, qui a pour activité la fabrication de produits cosmétiques, de toilette et de parfumerie, procèdent de ce que l'administration a réintégré dans l'assiette de ces taxes la valeur locative de moules servant à la confection, réalisée par des entreprises avec lesquelles la S.N.C. SOPROCOS passe à cet effet des contrats de fourniture exclusive, des articles de conditionnement sous lesquels sont commercialisés ses produits ; que, pour juger que cette réintégration était justifiée, la cour administrative d'appel s'est fondée sur ce qu'en vertu desdits contrats, les moules ne doivent être utilisés qu'à la fabrication d'articles destinés à la S.N.C. SOPROCOS ou à des clients désignés par elle, et peuvent être acquis par elle, pour leur valeur résiduelle, en cas d'interruption prématurée de leur utilisation par l'entreprise cocontractante, qui en a la propriété, de sorte qu'elle aurait l'entier contrôle de leur utilisation ; qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait, elle-même, observé que les moules sont matériellement utilisés par les seules entreprises cocontractantes, en vue de la réalisation des opérations de fabrication d'articles de conditionnement qui constituent leur activité professionnelle, la cour a fait une application erronée des dispositions précitées de l'article 1467 du code général des impôts ; que la S.N.C. SOPROCOS est, par suite, fondée à demander que l'arrêt attaqué soit annulé ;

Considérant que, dans les circonstances de l'espèce, il y a lieu, en application de l'article L. 821-2 du code de justice administrative, de régler l'affaire au fond ;

Considérant qu'il résulte de l'instruction que les moules servant à la confection des articles de conditionnement acquis par la S.N.C. SOPROCOS auprès d'entreprises avec lesquelles elles conclut, à cet effet, des contrats de fourniture exclusive, réalisés par ces entreprises, qui en sont les propriétaires, sont, sous le contrôle de ces dernières, matériellement utilisés par elles pour l'accomplissement des opérations de fabrication qu'elles effectuent ; que, par suite, et nonobstant les circonstances, invoquées par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, que la S.N.C. SOPROCOS consent auxdites entreprises des avances leur permettant de financer la réalisation des moules, que les contrats lui garantissent l'exclusivité des articles que ceux-ci serviront à fabriquer, et que la finalité de ces articles est de concourir à la commercialisation de ses produits, ces entreprises, seules, sont les redevables qui, pour les besoins de leur activité professionnelle, disposent desdits biens, au sens et pour l'application des dispositions précitées de l'article 1467 du code général des impôts ; que c'est, dès lors, à tort que l'administration en a rapporté la valeur locative aux bases de la taxe professionnelle due par la S.N.C. SOPROCOS ; qu'il suit de là que cette dernière est fondée à soutenir que c'est à tort que, par l'article 3 du jugement du 30 juin 1998 dont elle fait appel, le tribunal administratif d'Amiens a rejeté les conclusions de sa demande tendant à la décharge des cotisations supplémentaires de taxe additionnelle pour frais de chambre de commerce et d'industrie auxquelles elle est restée assujettie au titre de chacune des années 1988, 1989 et 1990 ;

Sur l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative :

Considérant que, dans les circonstances de l'espèce, il y a lieu, par application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, de condamner l'Etat à verser à la S.N.C. SOPROCOS, en remboursement des frais exposés par elle et non compris dans les dépens, la somme de 1 700 euros qu'elle réclame ;

D E C I D E :

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Article 1er : L'arrêt de la cour administrative d'appel de Douai du 12 février 2002 et l'article 3 du jugement du tribunal administratif d'Amiens du 30 juin 1998 sont annulés.

Article 2 : Il est accordé à la S.N.C. SOPROCOS décharge des cotisations supplémentaires de taxe additionnelle pour frais de chambre de commerce et d'industrie auxquelles elle est restée assujettie au titre de chacune des années 1988, 1989 et 1990.

Article 3 : L'Etat versera à la S.N.C. SOPROCOS, au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, la somme de 1 700 euros.

Article 4 : La présente décision sera notifiée à la S.N.C. SOPROCOS et au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.


Synthèse
Formation : 9eme et 10eme sous-sections reunies
Numéro d'arrêt : 245225
Date de la décision : 25/04/2003
Sens de l'arrêt : Satisfaction totale
Type d'affaire : Administrative
Type de recours : Plein contentieux

Publications
Proposition de citation : CE, 25 avr. 2003, n° 245225
Inédit au recueil Lebon

Composition du Tribunal
Président : M. Robineau
Rapporteur ?: M. Fabre
Rapporteur public ?: M. Vallée
Avocat(s) : SCP BACHELLIER, POTIER DE LA VARDE

Origine de la décision
Date de l'import : 02/07/2015
Fonds documentaire ?: Legifrance
Identifiant ECLI : ECLI:FR:CE:2003:245225.20030425
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